samedi 28 février 2015

LA FOLIE DES HOMMES


Moscou (Russie), nuit de vendredi à samedi. Des enquêteurs s'entretiennent à proximité du corps de l'opposant russe Boris Nemtsov.
Moscou (Russie), nuit de vendredi à samedi. Des enquêteurs s'entretiennent à proximité du corps de l'opposant russe Boris Nemtsov.
AFP/Dmitry Serrebryakov
La mort de l'opposant russe Boris Nemtsov, assassiné vendredi soir en plein centre de Moscou (Russie), suscite de nombreuses réactions.
Ancien vice-Premier ministre de l'ancien président Boris Eltsine (1990-1999), Boris Nemtsov avait prévu d'organiser unemanifestation, dimanche, contre le pouvoir du président Vladimir Poutine et l'implication de la Russie dans le conflit ukrainien. Ce rassemblement est annulé et remplacé par unemarche commémorative.

Boris Nemtsov devait participer dimanche à une manifestation de l'opposition dans un quartier excentré de Moscou. Un responsable de la manifestation, Leonid Volkov, a annoncé que celle-ci était annulée et remplacée par une marche à la mémoire de l'opposant assassiné.
A l'antenne d'une radio moscovite trois heures à peine avant sa mort, Nemtsov venait d'appeler les auditeurs à manifester, dans un discours enflammé sur l'Ukraine et le président Poutine, signant là son testament politique. Pendant 45 minutes, la voix grave, le ton sérieux, l'opposant a présenté ses propositions pour «changer la Russie», n'hésitant pas à couper ses interlocuteurs, deux journalistes de la radio Ekho Moskvy.

Ces derniers jours, Boris Nemtsov travaillait, selon l'agence Reuters, à l'élaboration d'un rapport sur l'implication de forces militaires russes en Ukraine, que le Kremlin, la présidence russe, dément régulièrement.

Hollande dénonce un «odieux assassinat». Le président de la République, François Hollande, estime ce samedi que la mort de Boris Nemtsov est un «odieux assassinat» et salue un «défenseur courageux et inlassable de la démocratie et un combattant acharné contre la corruption».

Merkel : «consternée» par un «meurtre lâche». «La chancelière allemande Angela Merkel est consternée par le meurtre lâche de l'opposant politique russe Boris Nemtsov. Elle (...) enjoint le président russe Vladimir Poutine à s'assurer que cet assassinat soit élucidé et que les auteurs rendent des comptes», selon un communiqué diffusé ce samedi.

Obama : «un meurtre brutal». Le président américain, Barack Obama, condamne lui «le meurtre brutal» de Boris Nemtsov et appelle «le gouvernement russe à rapidement mener une enquête impartiale et transparente». Dans le même temps, le secrétaire d'Etat américain, l'équivalent du ministre des Affaires étrangères, John Kerry, se déclare «choqué et attristé».

Poutine : «une provocation». Peu après l'annonce de la mort de Boris Nemtsov, Vladimir «Poutine a déclaré que cet assassinat brutal portait les marques d'un meurtre commandité et avait tout d'une provocation», selon Dmitri Preskov, porte-parole du président russe.

Le président ukrainien : «Ce n'est pas un hasard.» Le président ukrainien, Petro Porochenko, estime que Boris Nemtsov «était un pont entre l'Ukraine et la Russie, et ce pont a été détruit par les coups de feu d'un assassin. Je pense que ce n'est pas par hasard», a-t-il écrit sur Facebook.

L'opposant Kassianov : «Cela dépasse l'imagination.» L'un des compagnons de Boris Nemtsov dans l'opposition, l'ancien Premier ministre de Vladimir Poutine, Mikhaïl Kassianov, estime que cet assassinat est «le prix à payer pour le fait que Boris s'est battu pendant des années pour que la Russie devienne un pays libre et démocratique». «Au XXIe siècle, en 2015, un chef de l'opposition a été tué sous les murs du Kremlin. Cela dépasse l'imagination», a-t-il déclaré sur les lieux du drame.

Une «tragédie» pour un ancien ministre des Finances. «C'est une terrible tragédie pour tout le pays», a réagi l'ancien ministre des Finances de Vladimir Poutine, Alexeï Koudrine, fidèle du président, mais critique libéral écouté.

Un responsable du Parti communiste : «une provocation sanglante». Il s'agit d'une «provocation sanglante (...) destinée à relancer l'hystérie antirusse à l'étranger», selon Ivan Melnikov, responsable du parti communiste russe.

Human Rights Watch veut une enquête «impartiale». Le Conseil de l'Europe, en charge notamment du renforcement de la démocratie, par la voix de son secrétaire général, Thorbjoern Jagland, s'est déclaré choqué, et l'organisation non gouvernementale de défense des droits de l'homme, Human Rights Watch (HRW), a appelé les autorités russes à enquêter sur ce meurtre de «manière impartiale».
Plusieurs témoins ont assisté à la scène
Boris Nemtsov se promenait avec une jeune femme sur le Grand Pont de pierre, juste à côté du Kremlin, quand «vers 23h15, une voiture s'est approchée d'eux, quelqu'un a tiré des coups de feu, dont quatre l'ont touché dans le dos, causant sa mort», a déclaré vendredi une porte-parole du ministère russe de l'Intérieur. Un responsable du Comité d'enquêtes, Vladimir Markine, a indiqué de son côté que «pas moins de six ou sept coups de feu ont été tirés sur Boris Nemtsov par un inconnu circulant en voiture».
Plusieurs personnes ont été témoins de l'assassinat et la jeune femme qui accompagnait Boris Nemtsov a été interrogée par les enquêteurs, a précisé la police, citée par les agences russes. Rossia 24 a montré des images du corps de Boris Nemtsov allongé par terre sur le pont. Des traces de sang étaient visibles.
Aussitôt la nouvelle connue, des Moscovites sont venus déposer des fleurs près de l'endroit où l'opposant a été tué.


VIDEO. Assassinat de l'opposant russe Boris Nemtsov

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