Et de l'algue naît le pétrole...
Cécile Chevré Depuis janvier 2011, l'un des axes forts de nos investissements sont les biotechnologies. Santé, agriculture, industrie... mais aussi énergie, les biotechnologies sont partout. La raison est évidente : les énergies fossiles ne sont pas illimitées – chercheurs et industriels sont à la recherche d'alternatives crédibles.
Pendant un temps, ce sont les biocarburants (comme l'éthanol) qui ont concentré toutes les attentions. Deux principales méthodes sont utilisées pour les produire : à partir d'huile végétale ou alors à partir d'alcool (lui aussi d'origine végétale).
Mais l'explosion des cours des matières premières agricoles en 2009-2010 a mis en lumière nombre d'inconvénients de l'éthanol. Ont alors été pointés du doigt la taille des surfaces agricoles qui lui étaient consacrées plutôt qu'à l'alimentation humaine ou animale, leurs conséquences sur la hausse du prix des commodities et des huiles végétales, les quantités d'eau nécessaires à la culture des céréales ou oléagineux, et la quantité d'énergie nécessaire à la production qui limite d'autant les réductions d'émissions de gaz à effet de serre.
Sans être abandonnés, ces biocarburants produits à partir d'huile ou d'alcool végétaux sont de plus en plus décriés, et certains types d'éthanol sont en passe d'être interdits, du moins en Europe.
Il fallait donc trouver d'autres alternatives.
Parmi les pistes les plus prometteuses – et les plus passionnantes – : les algues. Car oui, on peut fabriquer du carburant à partir d'algues. Si vous habitez au bord de la mer, il ne servira à rien de remplir à raz-bord votre baignoire d'algues en espérant pouvoir alimenter le réservoir de votre voiture... c'est un peu compliqué que cela.
A la base du processus, il y a des micro-algues qui sont nourries d'eau... et de CO2, ce fameux gaz qui est accusé de tous les maux, et en particulier de participer au réchauffement climatique. Gavées de ces deux éléments, les micro-algues produisent une huile, qui elle-même pourra être utilisée pour fabriquer du biocarburant. Les algues sont donc régulièrement récoltées puis pressées afin d'en extraire la fameuse huile. Cette huile est ensuite transformée en biopétrole par un processus de mise sous haute pression et haute température.
L'idée parait folle mais les premières phases de test ont été franchies avec succès et une fabrication industrielle de biocarburant à partir d'algues est à l'étude.
Objectif à terme : produire un baril de biopétrole trois à quatre fois moins cher qu'un baril de pétrole traditionnel, soit autour de 30 à 40 $.
Algues versus céréales
Les avantages d'une telle technologie sont multiples. Premièrement, des réserves infinies, ou presque. Le gros avantage de ces algues, c'est qu'elles se reproduisent extrêmement vite dans un milieu qui leur convient. La récolte se fait en quelques semaines. Seul problème, leur croissance nécessite du soleil, si bien que des pays comme le Danemark ou la Suède auront des difficultés à en produire.
Deuxième avantage, un gain de surfaces arables. Les micro-algues sont élevées dans des lacs ou des bassins, libérant ainsi les terres agricoles pour la culture de céréales destinées à l'alimentation et non plus à alimenter un moteur. Pour une même surface, les micro-algues produisent 30 fois de biocarburants qu'un champ de céréales ou d'oléagineux. Quand on sait que l'un des principaux défis actuels est de nourrir la croissante population mondiale, l'avantage des micro-algues est évident.
Allons-nous voir nos plans d'eau envahis par ces algues ? Pas forcément. Comme l'expliquait Le Point, les algues utilisées dans la plupart des projets apprécient particulièrement les eaux tièdes et très salées, bref des eaux qui n'attirent peu de micro-organismes ou de vie animale.
Enfin, cette technique permet de recycler une partie du CO2. Là encore un problème de poids pour les économies développées ou en voie de développement.
Des projets qui se multiplient... comme des algues
A travers le monde, les projets se multiplient. La France, qui avait jusque-là pris du retard sur les Etats-Unis ou encore des pays comme l'Espagne, est en train de le rattraper. Les projets se multiplient, et nombre de PME se lancent dans l'aventure : Salinalgue, en partenariat avec Suez et Air Liquide, s'est installée dans les Salins du Midi, Fermentalg (Gironde), Algosource Technologies (Loire-Atlantique) ou Bioalgostral (La Réunion)...
Des projets qui en sont à différents stades de développement. En France, les projets de Salinalgue n'en sont qu'à une phase de test. Mais en Espagne, Bio Fuel Systems, l'entreprise pionnière de la production de biocarburant à partir d'algues, en est à un stade bien plus avancé de la production, avec la mise en fonctionnement dès 2011 d'une usine à Alicante dont l'objectif est de produire 60 000 barils de biopétrole par an. La société a multiplié les projets en installant des sites de production en Italie, en Allemagne et en Hollande.
En France, les différentes entreprises et laboratoires travaillant dans le domaine devraient être regroupées dans un "institut d'excellence", GreenStars, doté d'un budget de 160 millions d'euros sur 10 ans, et qui emploiera 200 personnes dont 80 chercheurs.
L'Agence chargée de l'énergie renouvelable aux Etats-Unis vient quant à elle d'annoncer la création d'un fonds de soutien à la recherche et au développement des technologies de production de biocarburants à partir d'algues, doté de 10 millions de dollars. Les principaux objectifs de ce fonds sont l'accroissement des rendements mais aussi la baisse des coûts de production de biopétrole.
Les biotechs au secours des algues
Car c'est sur ce point que, jusqu'à présent, le bât blesse. La transformation de l'huile en biopétrole est très onéreuse, et consommatrice d'énergie. Les coûts sont tels qu'actuellement, un litre d'essence produit via ce procédé coûterait 4 à 5 fois plus cher qu'un litre d'essence traditionnelle. Des années de R&D vont donc être nécessaires pour améliorer la rentabilité des micro-algues, mais, comme nous l'avons vu, Etats et entreprises multiplient les soutiens financiers au secteur.
Entreprises et chercheurs misent sur les biotechnologies pour améliorer la production de biocarburants de "nouvelle génération", en se concentrant sur la sélection des espèces d'algues qui contiennent le plus d'huile, l'amélioration des techniques de cultures et surtout de celles d'extraction.
Des projets comme celui de GreenStars, qui voient l'alliance du privé et du public, de l'industriel et du chercheur, sont à même d'encourager le développement de ces nouveaux types de biocarburants. A suivre donc.
Comment en profiter ?
La production de biocarburant à partir d'algues excite l'esprit des chercheurs – et les appétits des investisseurs et industriels. Nous l'avons vu, nombre de petites sociétés se sont lancées sur le créneau... mais elles sont rarement cotées.
Parmi les sociétés majeures du secteur et dont vous pouvez suivre l'avancée des recherches : Algatech, Petrosun, Green Fuel ou encore Bio Fuel Systems.
Florent Detroy, qui s'est lui aussi intéressé au potentiel des micro-algues, a repéré une société américaine, cotée, très bien placée pour profiter de cet engouement... et de la tendance sur le long terme. Les atouts de cette valeur : une production semi-industrielle de biopétrole, des partenariats importants avec des acteurs majeurs du secteur de l'énergie ainsi qu'avec l'armée américaine. Outre la production de carburant à partir d'algues, la société est aussi spécialisée dans les différentes formes d'utilisation des algues, de la cosmétique à l'industrie agro-alimentaire. Une valeur plus que prometteuse que vous pourrez retrouver prochainement dans Matières à Profits.
"Le problème le plus sérieux de la zone euro en ce moment n'est plus la Grèce, l'Espagne ou l'Italie, mais la France, car elle n'a rien entrepris pour vraiment rétablir sa compétitivité et elle est même en train d'aller dans la direction opposée," a déclaré l'un des cinq sages allemands, Lars Feld.
Récemment, le quotidien populaire "Bild-Zeitung" s'est demandé si la France n'allait pas devenir "la nouvelle Grèce".
La France va-t-elle faire faillite en 2013 ? Quelle est la situation réelle de notre économie ? Que faire si notre pays sombre ? Découvrez-vite les réponses à ces questions de survie pour votre capital dans l'analyse complète de notre spécialiste...
Cécile Chevré Depuis janvier 2011, l'un des axes forts de nos investissements sont les biotechnologies. Santé, agriculture, industrie... mais aussi énergie, les biotechnologies sont partout. La raison est évidente : les énergies fossiles ne sont pas illimitées – chercheurs et industriels sont à la recherche d'alternatives crédibles.
Pendant un temps, ce sont les biocarburants (comme l'éthanol) qui ont concentré toutes les attentions. Deux principales méthodes sont utilisées pour les produire : à partir d'huile végétale ou alors à partir d'alcool (lui aussi d'origine végétale).
Mais l'explosion des cours des matières premières agricoles en 2009-2010 a mis en lumière nombre d'inconvénients de l'éthanol. Ont alors été pointés du doigt la taille des surfaces agricoles qui lui étaient consacrées plutôt qu'à l'alimentation humaine ou animale, leurs conséquences sur la hausse du prix des commodities et des huiles végétales, les quantités d'eau nécessaires à la culture des céréales ou oléagineux, et la quantité d'énergie nécessaire à la production qui limite d'autant les réductions d'émissions de gaz à effet de serre.
Sans être abandonnés, ces biocarburants produits à partir d'huile ou d'alcool végétaux sont de plus en plus décriés, et certains types d'éthanol sont en passe d'être interdits, du moins en Europe.
Il fallait donc trouver d'autres alternatives.
Parmi les pistes les plus prometteuses – et les plus passionnantes – : les algues. Car oui, on peut fabriquer du carburant à partir d'algues. Si vous habitez au bord de la mer, il ne servira à rien de remplir à raz-bord votre baignoire d'algues en espérant pouvoir alimenter le réservoir de votre voiture... c'est un peu compliqué que cela.
A la base du processus, il y a des micro-algues qui sont nourries d'eau... et de CO2, ce fameux gaz qui est accusé de tous les maux, et en particulier de participer au réchauffement climatique. Gavées de ces deux éléments, les micro-algues produisent une huile, qui elle-même pourra être utilisée pour fabriquer du biocarburant. Les algues sont donc régulièrement récoltées puis pressées afin d'en extraire la fameuse huile. Cette huile est ensuite transformée en biopétrole par un processus de mise sous haute pression et haute température.
L'idée parait folle mais les premières phases de test ont été franchies avec succès et une fabrication industrielle de biocarburant à partir d'algues est à l'étude.
Objectif à terme : produire un baril de biopétrole trois à quatre fois moins cher qu'un baril de pétrole traditionnel, soit autour de 30 à 40 $.
Algues versus céréales
Les avantages d'une telle technologie sont multiples. Premièrement, des réserves infinies, ou presque. Le gros avantage de ces algues, c'est qu'elles se reproduisent extrêmement vite dans un milieu qui leur convient. La récolte se fait en quelques semaines. Seul problème, leur croissance nécessite du soleil, si bien que des pays comme le Danemark ou la Suède auront des difficultés à en produire.
Deuxième avantage, un gain de surfaces arables. Les micro-algues sont élevées dans des lacs ou des bassins, libérant ainsi les terres agricoles pour la culture de céréales destinées à l'alimentation et non plus à alimenter un moteur. Pour une même surface, les micro-algues produisent 30 fois de biocarburants qu'un champ de céréales ou d'oléagineux. Quand on sait que l'un des principaux défis actuels est de nourrir la croissante population mondiale, l'avantage des micro-algues est évident.
Allons-nous voir nos plans d'eau envahis par ces algues ? Pas forcément. Comme l'expliquait Le Point, les algues utilisées dans la plupart des projets apprécient particulièrement les eaux tièdes et très salées, bref des eaux qui n'attirent peu de micro-organismes ou de vie animale.
Enfin, cette technique permet de recycler une partie du CO2. Là encore un problème de poids pour les économies développées ou en voie de développement.
Des projets qui se multiplient... comme des algues
A travers le monde, les projets se multiplient. La France, qui avait jusque-là pris du retard sur les Etats-Unis ou encore des pays comme l'Espagne, est en train de le rattraper. Les projets se multiplient, et nombre de PME se lancent dans l'aventure : Salinalgue, en partenariat avec Suez et Air Liquide, s'est installée dans les Salins du Midi, Fermentalg (Gironde), Algosource Technologies (Loire-Atlantique) ou Bioalgostral (La Réunion)...
Des projets qui en sont à différents stades de développement. En France, les projets de Salinalgue n'en sont qu'à une phase de test. Mais en Espagne, Bio Fuel Systems, l'entreprise pionnière de la production de biocarburant à partir d'algues, en est à un stade bien plus avancé de la production, avec la mise en fonctionnement dès 2011 d'une usine à Alicante dont l'objectif est de produire 60 000 barils de biopétrole par an. La société a multiplié les projets en installant des sites de production en Italie, en Allemagne et en Hollande.
En France, les différentes entreprises et laboratoires travaillant dans le domaine devraient être regroupées dans un "institut d'excellence", GreenStars, doté d'un budget de 160 millions d'euros sur 10 ans, et qui emploiera 200 personnes dont 80 chercheurs.
L'Agence chargée de l'énergie renouvelable aux Etats-Unis vient quant à elle d'annoncer la création d'un fonds de soutien à la recherche et au développement des technologies de production de biocarburants à partir d'algues, doté de 10 millions de dollars. Les principaux objectifs de ce fonds sont l'accroissement des rendements mais aussi la baisse des coûts de production de biopétrole.
Les biotechs au secours des algues
Car c'est sur ce point que, jusqu'à présent, le bât blesse. La transformation de l'huile en biopétrole est très onéreuse, et consommatrice d'énergie. Les coûts sont tels qu'actuellement, un litre d'essence produit via ce procédé coûterait 4 à 5 fois plus cher qu'un litre d'essence traditionnelle. Des années de R&D vont donc être nécessaires pour améliorer la rentabilité des micro-algues, mais, comme nous l'avons vu, Etats et entreprises multiplient les soutiens financiers au secteur.
Entreprises et chercheurs misent sur les biotechnologies pour améliorer la production de biocarburants de "nouvelle génération", en se concentrant sur la sélection des espèces d'algues qui contiennent le plus d'huile, l'amélioration des techniques de cultures et surtout de celles d'extraction.
Des projets comme celui de GreenStars, qui voient l'alliance du privé et du public, de l'industriel et du chercheur, sont à même d'encourager le développement de ces nouveaux types de biocarburants. A suivre donc.
Comment en profiter ?
La production de biocarburant à partir d'algues excite l'esprit des chercheurs – et les appétits des investisseurs et industriels. Nous l'avons vu, nombre de petites sociétés se sont lancées sur le créneau... mais elles sont rarement cotées.
Parmi les sociétés majeures du secteur et dont vous pouvez suivre l'avancée des recherches : Algatech, Petrosun, Green Fuel ou encore Bio Fuel Systems.
Florent Detroy, qui s'est lui aussi intéressé au potentiel des micro-algues, a repéré une société américaine, cotée, très bien placée pour profiter de cet engouement... et de la tendance sur le long terme. Les atouts de cette valeur : une production semi-industrielle de biopétrole, des partenariats importants avec des acteurs majeurs du secteur de l'énergie ainsi qu'avec l'armée américaine. Outre la production de carburant à partir d'algues, la société est aussi spécialisée dans les différentes formes d'utilisation des algues, de la cosmétique à l'industrie agro-alimentaire. Une valeur plus que prometteuse que vous pourrez retrouver prochainement dans Matières à Profits.
"Le problème le plus sérieux de la zone euro en ce moment n'est plus la Grèce, l'Espagne ou l'Italie, mais la France, car elle n'a rien entrepris pour vraiment rétablir sa compétitivité et elle est même en train d'aller dans la direction opposée," a déclaré l'un des cinq sages allemands, Lars Feld.
Récemment, le quotidien populaire "Bild-Zeitung" s'est demandé si la France n'allait pas devenir "la nouvelle Grèce".
La France va-t-elle faire faillite en 2013 ? Quelle est la situation réelle de notre économie ? Que faire si notre pays sombre ? Découvrez-vite les réponses à ces questions de survie pour votre capital dans l'analyse complète de notre spécialiste...
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