mercredi 24 novembre 2010

LA CRISE à répétition automatique poursuit sa chasse à la France d'en bas alimentée par le vieux chargeur stalinien de " la mélanchonette"

D'Europe ou des Etats-Unis : d'où viendra le K.O. obligataire ?


Cécile Chevré



"L'Irlande, c'est pire que la Grèce !", titraient ce matin Les Echos, pourtant peu habitués à autant de pessimisme. C'est vrai que la situation de l'Irlande continue d'inquiéter...



Nous avons forcément l'oeil fixé sur notre nombril. C'est ce dont je me suis rendue compte hier en regardant ce qu'écrivaient mes collègues américains sur la crise irlandaise.



Eh bien, pas grand-chose. A part une petite mention ici ou là, les soucis irlandais ne semblent pas particulièrement intéresser les Américains.



Pourtant, hier, les marchés ont laissé l'angoisse s'exprimer : le CAC 40 a perdu -2,47%, l'EuroStoxx 50 -2,56% et le FTSE -1,75%



L'Europe, certes, c'est loin. Et vu de l'autre côté de l'Atlantique, la crise irlandaise est très simple.



D'une certaine manière, les Américains ont raison. Ils ont l'avantage de la distance, ne se sentent pas concernés par les dissensions internes à l'Europe ou par les craintes d'effondrement de l'euro. Vu des Etats-Unis, la crise irlandaise n'est qu'une nouvelle manifestation de la crise de la dette publique. Après la Grèce, c'est maintenant le tour de l'Irlande. Puis cela sera au tour du Portugal et enfin de l'Espagne. Et là cela fera mal parce que le sauvetage de la péninsule ibérique nous coûtera très cher.



Mais la quasi-indifférence américaine s'explique aussi par le fait que chez eux cela ne va pas mieux que chez nous. Peu de médias français ou européens ont accordé de l'attention au Foreclosure Gate ou encore à la menace des muni-bonds. Des menaces qui sont pourtant bien réelles au pays de l'Oncle Sam.



Petit tour d'horizon des sujets d'inquiétude côté américain.



1. Les conséquences du quantitative easing (QE). En Europe, le nouveau programme d'assouplissement monétaire de la Fed ne fait plus l'actualité mais les Américains commencent à sérieusement s'inquiéter de ses effets secondaires. Il y a quelques jours, 23 personnalités du monde de la finance et de l'économie ont adressé une lettre à Ben Bernanke lui enjoignant de ne pas mettre en oeuvre son QE2.



Selon les signataires, le QE2 n'aura aucun effet notable sur l'économie (déficit commercial, chômage...) mais créera à coup sûr une inflation incontrôlable.



La Fed a quant à elle revu à la baisse ses prévisions de croissance pour 2011 et prévoit un chômage à 9% pour toute l'année prochaine. Les Etats-Unis sont loin d'être sortis d'affaire et le remède prodigué par Bernanke pourrait encore aggraver la situation.



2. Les muni-bonds. Deuxième sujet d'inquiétude outre-Atlantique : les menaces de faillites qui pèsent de plus en plus sur de nombreux Etats et municipalités.



Pour se financer, les Etats et les municipalités américains ont émis des obligations et se sont endettés. Sauf que, la crise est passée par là, les rentrées fiscales ont chuté et les municipalités n'ont plus été capables de rembourser. Voici ce que j'en disais en juillet dernier : "Le mécanisme est toujours le même : trop de crédits accordés à des emprunteurs qui ne sont plus solvables. Prenons le cas de Los Angeles. 2,3 milliards de dollars de dettes, une somme qui pourrait doubler d'ici 5 ans. La ville doit continuer à s'endetter pour payer ses fonctionnaires et son fonctionnement mais elle est obligée de le faire à un ta ux de plus en plus élev& eacute; car sa note a été dégradée par les agences de notation".



Et la situation empire au fur et à mesure que la récession s'installe.



Deux dates risquent de mettre le feu aux poudres, comme l'expliquait Addison Wiggin dans La Chronique Agora lundi dernier : "Le 31 décembre 2010 : Le financement des Build America Bonds tourne court. Ces obligations faisaient partie du plan de relance économique adopté début 2009, subventionnant les coûts des municipalités par des projets de travaux publics atteignant la coquette somme de 150 milliards de dollars".

"Cette année, environ un quart de toutes les émissions de muni-bonds ont été des Build America Bonds. A moins que le Congrès, contrôlé par les démocrates "en sursis", ne réagisse rapidement, cet argent fera ses adieux dans six semaines".



"Le 30 juin 2011 : Encore plus d'aides fédérales expirent à cette date -- certaines d'entre elles autorisées par le plan de relance, et d'autres par le plan d'aide à l'emploi adopté l'été dernier, totalisant 150 milliards de dollars supplémentaires à ce jour. Sans cet argent, les états américains auraient déjà annulé un grand nombre de programmes, y compris l'assurance chômage et Medicaid".



"La probabilité que la nouvelle Chambre, à présent sous le contrôle des républicains, élargira cette aide va de mince à aucune".



"Le jour où il faut régler les comptes n'est jamais amusant. Cela le sera d'autant moins pour les épargnants et les retraités qui ont acheté des muni-bonds parce qu'on les avait jugés comme étant une source sûre de revenus de retraite éternellement exonérés d'impôts".



"L'iceberg qui se devine sous la surface : une foule de plans de retraite privés et publics dépendent eux aussi des muni-bonds".



De l'Europe ou des Etats-Unis, la menace de krach obligataire se fait de plus en plus présente. Difficile d'y échapper, mais pas forcément très compliqué de vous en préserver, comme vous l'explique dans ce message Simone Wapler. A découvrir ici.





Pour aller plus loin aujourd'hui : pour en savoir plus sur les muni-bonds, je vous recommande les articles suivants :



● Un article d'Addison Wiggin qui revient sur les prochaines échéances dans l'affaire des muni-bonds.



● Un article de Mathieu Lebrun dans Le Billet du Trader dans lequel il analyse le cours d'un ETF qui réplique l'évolution de l'indice de référence en matière de muni-bonds : le S&P National Municipal Bond. A découvrir ici...



● Et enfin un article de Simone Wapler, à paraître dans le prochain numéro de MoneyWeek, qui fait le point sur les deux scénarios possibles de krach obligataire. A lire dès demain dans le numéro 108 de MoneyWeek.



● Pour terminer notre tour d'horizon, toujours dans le prochain MoneyWeek, je vous signale l'article de Sébastien Duhamel, notre expert en analyse technique, qui se penche sur le cas de l'Espagne, le plus gros des dominos qui risque de tomber dans cette nouvelle phase de crise obligataire européenne. Une analyse technique de l'indice phare espagnol, l'Ibex, à découvrir p. 35.







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La zone euro ne peut pas supprimer les déficits jumeaux américains...

Eberhardt Unger

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